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Bourg castral et urbanismel | L'Ecole | Cimetière - site du castellac | Fontaines et édicules - En conclusion - source

Le Village

Pomet 05Le site du village de Pomet est occupé depuis le milieu du Moyen-Age. Il succède à un très probable site d'antiquité tardive, situé en contrebas sur un méandre de la Méouge, succédant lui-même à un site de l'antiquité romaine situé au Villard.

En 1944, date du rattachement de la commune à celle de Châteauneuf-de-Chabre, le village de Pomet ne comptait plus que deux habitants.

Le village de Pomet est situé à environ 670 mètres d'altitude. Il est perché sur l'extrémité d'une étroite échine rocheuse, dominant au sud l'adret des gorges de la Méouge, et au nord l'ubac du torrent du Rif. D'après J. Roman (1887), l’étymologie de Pomet viendrait du latin pomerium, « verger ».

D'après l'abbé Guilaume (1908), le « castrum de Pometo » pourrait remonter « au XIe et au XIIe siècle, sinon à la fin du Xeme siècle ». La communauté était à la fois une seigneurie laïque et une dépendance du prieuré d'Antonaves, entre autre décimateur de l'église.

Pomet était en 1943/44, un lieu de rassemblement de la résistance et du maquis. 

Site castral

Pomet 05La partie nord du village, dominant le torrent du Rif, est nommé « Le Barri » dans le cadastre de 1824 (parcelles B 17 à 19 et 40). On y remarque encore les vestiges d'un long mur en maçonnerie, dont le parement est en petit appareil de moellons calcaires, d'une épaisseur moyenne de 100 cm. Ce mur pourrait dater du 12e siècle ou du 13e siècle.

L'église, placée sous le vocable de Saint-Antoine, est mentionnée dès le 13e siècle. En 1273, le prieur d'Antonaves présente le chapelain de Pomet à l'évêque de Gap.

D'après J. Roman (1887), en 1338, Guillaume de Mévouillon-la-Chaup, seigneur de Val-de-Barret qui résidait habituellement au château de Pomet, est jugé pour viols, séquestrations, vols à main armée, assassinats. « A la tête de quelques compagnons armés jusqu'aux dents, il arrêtait les paisibles voyageurs, s'emparait de leurs marchandises et de leur argent et les soumettait à de fortes rançons. Il allait même jusqu'à enlever les femmes et les filles du voisinage et les tenait enfermées dans son château. Les couvents et les églises n'étaient pas à l'abri de ses déprédations et de ses coups de main ; il mettait à contribution les ecclésiastiques voisins ; il vola les vases sacrés de Lagrand et fit une razzia des troupeaux du prieur d'Antonaves ». Condamné, son château fût rasé et Guillaume de Mévouillon mourut en 1339.

Ce même auteur précise qu'en mai 1580, les troupes protestantes de Gouvernet mirent le siège devant Pomet, avec deux compagnies ; Ribiers dut fournir du pain et de la viande aux assiégeants.

Bourg castral et urbanisme

Pomet 05Une description romancée présentée par J.-C. Ladoucette (1834), conduit le lecteur sur le chemin d'Antonaves au village de Pomet, par le moulin de Méouge, « qui semble jeté dans un enfoncement. Au-dessus de sa tête, le voyageur voit pendre des raisins dont les ceps sont surmontés par des roches ; il gravit une rampe de deux pieds de largeur qui tourne sur elle-même comme un escalier en spirale et qui conduit à un plateau où quelques plantes de buis végètent sur un sol pierreux ; en cet endroit il domine quatre ou cinq montagnes qui ne produisent que du buis et où les moutons paissent une herbe rare. Enfin, la rampe étroite arrive au village de Pommet, perché sur le sommet du roc qui a été taillé pour former le pavé de la place ».

Le plan cadastral de 1824 montre que le village était alors composé d'une quarantaine de petites parcelles. La partie occidentale est organisées en quelques îlots compacts de « maisons ». La partie orientale est plutôt réservée aux « bâtiments ruraux ». Une demi-douzaine de parcelles sont mentionnées comme « chazal » (ruine), trahissant déjà un certain abandon des lieux, et d'autres comme « mazure ».

Un four communal occupait la parcelle B 31, face à l'angle sud-ouest de l'église. Le « presbytère » occupait la parcelle 72. Un grand espace public occupait la partie nord-est, et une croix sur socle y est figurée. Une autre « place » communale est située sur la parcelle 85. Des « aires » à battre sont installées sur le replat dominant le cimetière ; ce quartier est d'ailleurs nommé « L'Aire ».
On remarque quelques parcelles de « labour » immédiatement au pied du sud-ouest du village, mais la quasi totalité de l'adret dominant la Méouge est mentionné comme « lande » et « rocher ». Côté nord, dominant le Rif, on note de nombreux « prés » de fauche, installés sur des pentes très raides, qui étaient partiellement arrosés par des petits canaux dérivés du torrent.

L'Ecole

Pomet 05Les visites pastorales du 18e siècle nous apprennent qu'en 1740, il y a à Pomet « un maître d'école pendant toute l'année » et que, en 1753, les « écoles de Pomet » sont confiées à Balthasar Reguis, de Barret-le-Bas.

La construction du bâtiment de l'école date sans doute de la fin des années 1880, puisqu'elle apparaît sur un plan daté de 1891, relatif à la construction d'une passerelle sur la Méouge. La création de cette école a entraîné ou suivi la destruction des deux bâtiments ruraux mentionnés sur le cadastre ancien.

Cette école est située au centre de l'ancien village de Pomet, à une altitude d'environ 670 mètres.
Elle est implantée sur une petite barre rocheuse, et elle est adossée perpendiculairement au sens de la pente. Elle est mitoyenne côté est, et elle comporte un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage carré.

L'étage de soubassement accueille une resserre, accessible par une porte ouverte dans le mur sud, et éclairée par un jour en fente percé dans le même mur.

Le rez-de-chaussée était anciennement réservé à la salle de classe. Il est accessible par deux portes piétonnes, une ouverte dans le mur nord et l'autre dans le mur ouest. Il est éclairé par deux fenêtres côté nord, trois autres côté sud et une côté ouest.

L'étage était anciennement occupé par l'appartement de l'instituteur. Il est accessible part un escalier intérieur, et il est éclairé par trois fenêtres côté nord et trois autres côté sud.

Le bâtiment est construit en maçonnerie de moellons calcaires, avec des chaînes d'angles en pierre de taille. Les élévations conservent un enduit à la tyrolienne, avec un décor peint de bandeau de sous-toiture ; seul le premier niveau de l'élévation sud porte un enduit rustique.

Les encadrements des ouvertures sont en pierre de taille calcaire, en arc segmentaire, avec sommiers et clef passants, ainsi qu'un appui saillant. Au second niveau du pignon ouest, une petite baie possède un linteau droit monolithe. Sur l'élévation nord, la porte possède une menuiserie à deux vantaux symétriques, à panneaux moulurés, surmontée d'un tympan vitré. Les fenêtres sont équipées de contrevents à persiennes doubles.
Le toit à longs pans est couvert en tuile creuse. L'avant-toit et la saillie de rive des pignons sont constitués de trois rangs de génoise, alternés avec trois rangs de carreaux de terre cuite ; l'ensemble est peint en blanc. Les souches de cheminée sont en brique.

Une petite cour se développe devant le pignon ouest, soutenue côté sud par un haut mur maçonné. Elle est fermée par un muret maçonné, avec un couvrement en bâtière, et un portail dont les piliers sont en pierre de taille calcaire.

Le Cimetière

pomet 05Lors d'une visite pastorale de 1551, un cimetière existe devant l'église. Mais l'évêque stipule que « les perrochiens [paroissiens] enterreront au cimetière appelé La Lèche, condampnant [condamnant] celluy qui est au-devant l'église, pour ce qu'est en la rue et chemin public ». Le cimetière actuel date du milieu du 18e siècle, puisqu'une visite pastorale de 1740 indique que « sur les représentations qui nous ont été faites, touchant le cimetière et la difficulté et le danger qu'il y a d'y ensevelir surtout pendant l'hyver, nous ordonnons qu'il sera choisi un endroit plus commode, lequel sera duemment fermé d'une muraille ou d'une haye vive et garni d'une croix ».

Site du « Castellac »

A quelques centaines de mètres au sud du village de Pomet, le site du « Castellac », aujourd'hui appelé « Banc de Bouc » sur la carte IGN au 1/25 0000e, occupe un micro-plateau formé par un large méandre de la Méouge, perché sur des falaises abruptes que l'actuelle R.D. 942. traverse en tunnel.

Ce site a peut-être eu un usage proto-historique (oppidum, site sacré ?). Il semble en tout cas correspondre à un habitat castral de l'antiquité tardive ou du premier moyen-âge. Un fossé est creusé, côté nord, à l'endroit le plus étroit de l'isthme. Sur la plate-forme sommitale, une possible cuvette d'effondrement apparaît très aplanie.

L'emplacement paraît abandonné au moins au 13e siècle, puisqu'en 1258, l'évêque de Gap consacre « ung cimetiere au lieu de Pomet lieudict au Castellac a la requisition des habitantz dudict Pomet avec le consentement du prieur d’Anthonaves » (archives de l'abbaye de Montmajour).

En 1551, lors d'une visite pastorale de l'évêque de Gap, il est indiqué que « les perrochiens [paroissiens] enterreront au cimetière appelé La Lèche, condampnant [condamnant] celluy qui est au-devant l'église [du village] ». L'état des section du cadastre de 1824 nomme un quartier « La Leche » (section B, parcelles 145 à 154bis) situé en rive gauche de la Méouge, au-dessus du pont. Cette appellation de « La Lèche » pourrait peut-être alors aussi englober le site du « Castellac » (l'hypothèse d'un autre cimetière installé dans les replats des barres rocheuses n'a pas été vérifiée).

En 1740, lors d'une autre visite pastorale, il est précisé que le cimetière alors en usage présente « la difficulté et le danger qu'il y a d'y ensevelir surtout pendant l'hyver », description qui paraît bien convenir au site du Castellac.
Sur le cadastre de 1824, le cimetière du « Castellac » existe encore. La parcelle B 121, d'une superficie de 890 m2 est mentionnée comme « cimetière », appartenant à la commune, et elle est appelée « le cimetière ancien ». Le quartier est appelé à l'état des sections « Vieille Mâle », qu'il faut peut-être comprendre comme « Vière Mal » = mauvais village (?).

Fontaine et Edicules

Une fontaine et un lavoir sont installés sur la place principale, et la fontaine porte la date de 1858. Le peuplier qui l'accompagne est signalé par V. Ollivier (2011) comme ayant été planté en 1889, en tant qu'«Arbre de la Liberté ».

Les restes d'un socle de croix en maçonnerie sont encore visibles au nord de cette place.

En conclusion

Pomet 05De plus en plus déserté à partir du milieu du 19e siècle, le village de Pomet c'est presque complètement vidé dans la première moitié des années 1930, après la vente de très nombreuses propriétés de la commune aux Eaux et Forêts. Le village ne comptait plus que deux habitants en 1944, date du rattachement de la commune à celle de Châteauneuf-de-Chabre.

En 2016, deux maisons sont occupées à l'année et seuls subsistent une demi-douzaine de bâtiments, dont l'école et l'église. Les autres édifices sont totalement ruinés. On remarque cependant qu'ils étaient presque tous adossés à la pente et comportaient un ou deux étages de soubassement. Dans quelques ruines situées au sud-ouest du village, on observe encore la présence de voûtes en berceau. Les maçonneries encore visibles sont en moellons calcaires, avec des chaînes d'angles en pierre de taille ou en moellons équarris ; on observe de nombreux collages et reprises. Au moins un élément lapidaire, datant probablement du 14e siècle, est remployé dans un bâtiment actuel, avec un décor de tore et réglet.

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Source :
https://dossiersinventaire.maregionsud.fr"

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